La fonderie en coquille par gravité

Chantier de moulage par gravité coquille - source Kuka.

Chantier de moulage par gravité coquille - source Kuka.

La fonderie coquille par gravité consiste à obtenir une pièce à partir d’un moule métallique appelé également coquille ou outillage, dans lequel a été versé un métal à l’état liquide. Le remplissage est réalisé sous la seule action de la gravité, d’où l’intitulé moulage coquille par gravité. Ces outillages sont majoritairement en aciers alliés ou au carbone et plus rarement en fonte ou en alliages cuivreux.

Le principe du moulage coquille

Moulage coquille - coulée d'une pièce en aluminium.
Moulage coquille – coulée d’une pièce en aluminium.

La fonderie coquille par gravité se distingue des autres procédés de fonderie par certaines spécificités. Tout d’abord, la forme de la pièce à obtenir est donnée par une empreinte constituée par la surface interne du moule et enduit d’un produit de poteyage. Le plus souvent, cette cavité comporte un système de remplissage composé généralement d’une descente, d’un ou plusieurs canaux et d’une ou plusieurs attaques. Puis, au cours de la solidification, le métal subit une contraction qui doit être compensée par un apport de métal, appelé système de masselottage, qui constitue des réserves de métal liquide positionnée en charge par rapport aux zones à nourrir. L’ensemble composé de la (des) pièce(s) et des systèmes de remplissage et de masselottage est nommé grappe de coulée. Pour évacuer l’air de l’empreinte au cours du remplissage, il est prévu des évents de faible épaisseur (proche de 0,2 mm) qui comme les systèmes de remplissage et de masselottage seront séparés ultérieurement de la pièce lors du parachèvement.

Chaque partie de la coquille, en contact avec la grappe de coulée, doit être en dépouille pour permettre le démoulage de la grappe de coulée sans altérer sa surface. Les valeurs courantes de dépouille sont comprises entre 0,5 et 3°. Si certaines formes des pièces sont en contre dépouille (dépouille négative) par rapport au sens de démoulage, il est nécessaire de faire appel à des artifices tels que des noyaux sable ou des broches métalliques à clé plus complexes.  Après solidification, la grappe de coulée est extraite du moule et cette action est généralement facilitée par un système d’éjection composé de plusieurs éjecteurs qui appuient simultanément sur la grappe de coulée lors de l’ouverture du moule.

Enfin, pour atteindre des températures souhaitées de l’outillage, il est parfois nécessaire d’évacuer ou au contraire apporter des calories à l’outillage par le biais de canaux de refroidissement (air, air/fluide, fluide) ou des systèmes de réchauffement (cartouches électriques, brûleurs gaz). Les différents éléments du moule doivent être étanches lors de la coulée du métal liquide. Cette étanchéité est obtenue en appliquant une pression sur les différentes parties du moule par le biais de systèmes hydrauliques (vérins) ou mécaniques.

Le moule métallique

En résumé, les moules métalliques de fonderie se présentent comme un ensemble d’éléments comportant : une partie fixe et mobile permettant l’ouverture du moule pour extraire la grappe de coulée, des broches métalliques ou des noyaux sable, une empreinte de la pièce, un système de remplissage, un système de masselottage (pour éviter des retassures dans la pièce), des évents (dispositifs d’évacuation des  gaz de l’empreinte), un dispositif d’éjection de la pièce et un dispositif d’évacuation ou d’apport de chaleur.

Les chantiers de fabrication

Chantier de moulage coquille par gravité en ligne.
Chantier de moulage coquille par gravité en ligne.

Plusieurs types de chantier se rencontrent en fonderie : des chantiers en ilots, des chantiers en ligne et des chantiers en carrousels. Les chantiers en îlot constitués d’une ou deux coquilleuses maximums sont alimentées en métal liquide par un seul four. Généralement, la coulée et l’extraction des grappes de coulée sont manuelles.

Moulage coquille - chantier de fabrication en carrousel.
Moulage coquille – chantier de fabrication en carrousel.

Les chantiers en ligne sont constitués de plusieurs coquilleuses alimentées en métal liquide par une ou plusieurs nuances d’alliage. Les fréquences de coulée des outillages peuvent être différenciées et ajustées en fonction des dimensions des pièces. Généralement, la coulée et l’extraction des grappes de coulée sont semi ou automatiques. Et enfin, Les chantiers carrousel constitués de plusieurs coquilleuses alimentées en métal liquide par une seule nuance d’alliage. Les fréquences de coulée des outillages sont identiques ou du moins calées sur la plus faible. Généralement, la coulée et l’extraction des grappes de coulée sont automatiques.

Les coquilleuses basculantes

Moulage coquille par basculement.
Moulage coquille par basculement.

Le remplissage de l’empreinte peut se faire en mode statique ou en mode basculé où l’outillage pivote d’un angle qui peut aller jusqu’à 90° lors du remplissage pour minimiser les hauteurs de chute du métal et ainsi les vitesses d’écoulement. Dans ces conditions, les turbulences d’écoulement sont limitées impliquant une moindre oxydation du métal permettant d’améliorer la qualité finale des pièces.

Les alliages transformés en moulage coquille

Les alliages coulés en moulage coquille par gravité sont très majoritairement des alliages d’aluminium (Al Si7Mg0,3 ou 0,6 ; Al Si5Cu3 ; Al Cu4MgTi, Al Mg…) avec des températures de coulée comprises entre 700 et 800 °C. A ces températures, les outillages sont modérément sollicités thermiquement permettant de couler en moyenne près de 100 000 grappes de coulée. Mais les outillages sont fortement sollicités aussi chimiquement (solubilité du fer dans l’aluminium à haute température) nécessitant d’appliquer un revêtement protecteur (poteyages réfractaires ou graphites) sur les surfaces de l’empreinte. D’autres familles d’alliages sont coulées dans une moindre mesure telles que les cuivreux (laiton, cupro-aluminium) dans les domaines de la robinetterie ou maritime et également les alliages d’étain ou de plomb.

Le marché du moulage en coquille

Culasse aluminium - source Linamar.
Culasse aluminium – source Linamar.

Les marchés de la fonderie coquille par gravité sont tournés principalement vers les constructeurs automobile (culasse, maitre cylindre de frein, support moteur, pièces de structure, …) et de poids lourds suivi de la mécanique générale. Les pièces coulées sont de masse variable (comprises entre quelques grammes et 50 kg). Les épaisseurs minimales courantes sont de 4 mm pouvant être abaissées à 1 mm en appliquant par exemple le concept Evisto (pièce mince). Les pièces peuvent comprendre des zones internes évidées qui sont réalisées à l’aide noyaux en sable positionnés dans le moule à la coulée.

Conclusions

On l’aura compris, le moulage en coquille offre la possibilité de couler des pièces avec des épaisseurs désormais très faibles (de l’ordre de 1 mm) en utilisant le concept Evisto développé par le CTIF et qui consiste à isoler thermiquement l’empreinte pour diminuer les échanges thermiques entre l’alliage coulé et l’outillage. La régulation thermique pointue des outillages est réalisée en les instrumentant avec de nombreux capteurs de température. Cette régulation thermique est disponible désormais sur la plupart des coquilleuses. Enfin, la possibilité de réaliser, en phase de conception de l’outillage, des simulations numériques de remplissage des empreintes suivi de la solidification de la pièce (et des plans d’expérience numérique si nécessaire) permet d’optimiser les systèmes de remplissage et de masselottage et la qualité des pièces.

7 commentaires

  1. Jérémie dit :

    Article très intéressant ! Merci pour ces publications
    Concernant l’étancheité, la technologie coquille est elle plus étanche que le moulage sable ?

    • Tomasevic dit :

      Bonsoir,

      Que ce soit en moulage sable gravité ou en coquille gravité, les moules sont tout autant étanches.
      C’est vrai qu’en moulage coquille gravité, le moule est permanent et un bon entretien garantit son étanchéité dans le temps. Dans le cas contraire, le moule coquille gravité peut fuir aux plans de joint s’ils sont abîmés ou s’il reste des bavures d’une pièce précédentes.

      Par ailleurs, le contexte est totalement différent en coquille sous pression où un moindre défaut de planéité du plan de joint (dû à une bavure de pièce antérieure ou à une dégradation des surfaces) va générer une fuite de métal plus facilement largement due à la forte pression appliquée sur le métal lors du remplissage.

      Cordialement.
      Didier Tomasevic
      CTIF

  2. Sora Night dit :

    Bonjour, pouvez-vous me parler des épaisseurs de la coquille s’il vous plaît ?

    • Le CTIF dit :

      Bonjour Sora. Les épaisseurs de moule métallique sont dépendantes de la taille du moule donc on ne peut pas donner de réponses dans l’absolue.

  3. Tomasevic dit :

    Bonjour,

    De manière générale, les épaisseurs de poteyage sont comprises entre :
    10 et 50 µm pour des poteyages graphites et appliqués sur les empreintes pièces
    50 et 200 µm pour des poteyages réfractaires et appliqués sur les empreintes pièces
    > 300 µm pour des poteyages appliqués sur les empreintes masselottes.

    Didier Tomasevic
    CTIF

  4. Andrietti Stéphane dit :

    Merci pour cet article très instructif !
    J’aurai deux questions : – tout d’abord quelles sont les cadences de production que l’on peut atteindre en général en coquille gravitaire ?
    et – pour quelles raisons va-t-on choisir la fonderie en coquille par gravité plutôt que la fonderie sous-pression pour réaliser des pièces en alliage d’aluminium ?
    Merci par avance et encore bravo pour vos articles.

    • Le CTIF dit :

      Bonjour Stéphane et merci d’apprécier nos article de MetalBlog. Pour répondre à vos questions : en moulage gravité, la cadence est de l’ordre de une à deux minutes, mais c’est très dépendant de la taille de la pièce et de son épaisseur. De plus une production sur carrousel permet d’optimiser cette cadence. De nombreux critères techniques et économiques vont faire préférer le moulage en coquille (plutôt que la fonderie sous pression) : la taille des séries, le coût de l’outillage, la nécessité de réaliser des zones internes non démoulables (noyau sable), le besoin de TTH (ou non), la nuance d’alliage requise, la précision dimensionnelle, l’épaisseur de pièce …. CTIF peut assister les industriels à faire le bon choix.

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